17 décembre : Journée mondiale de lutte contre les violences faites aux Travailleuses du Sexe
Lyon, 17 décembre 2024
Une augmentation des faits de violences et de leur gravité
A l’échelle locale, entre novembre 2023 et novembre 2024, 3110 faits de violences ont été signalés sur la plateforme Jasmine. Sept travailleuses du sexe ont été assassinées ces douze derniers mois. Ces faits de violences augmentent chaque année, tant en nombre qu’en gravité.
A l’échelle locale, les personnes en lien avec l’association Cabiria ont signalé plus de 115 faits de violences de janvier à novembre 2024.
Moins d’un fait sur cinq donne lieu à un dépôt de plainte, notamment en raison de l’accueil déplorable fait aux travailleuses du sexe dans les commissariats, comme le souligne Amnesty international dans un récent rapport.
Des violences institutionnelles : un obstacle majeur
Outre les atteintes aux personnes exerçant le travail sexuel ou à leurs biens, celles-ci subissent quotidiennement des violences institutionnelles.
Ainsi, les refus de plainte les privent de facto de toute possibilité d’avoir recours à la loi.
A Lyon, la prorogation, en octobre dernier, de l’arrêté préfectoral interdisant le stationnement des camionnettes des travailleuses du sexe dans le 7e arrondissement, sans qu’aucun dialogue ne leur soit au préalable proposé, tout autant qu’aux associations de terrain qui les accompagnent, marque à minima une volonté de les exclure de la sphère publique. Refuser de considérer les travailleuses du sexe comme interlocutrices dans les problématiques et décisions qui les concernent au premier chef, constitue une violence insidieuse qui renforce et assoit toutes les autres.
Dans ce contexte et après une année 2023 marquée par des luttes intenses, mais désespérément vaines, il nous est apparu difficile de mobiliser nos bénéficiaires pour commémorer publiquement la lutte pour les droits des travailleuses du sexe.
Notre détermination à les accompagner dans l’ensemble de leurs démarches et à faire valoir l’ensemble de leurs droits reste intacte ; leur dignité est niée chaque jour par les pouvoirs publics, nous nous battons pour leur restituer.
A Lyon comme ailleurs, dans un contexte où leur présence dans l’espace public est interdite et donne lieu à des amendes, des mises en fourrière de leur véhicule ou à leur expulsion lorsqu’elles sont démunies de droit au séjour en France, les travailleuses du sexe ne voient en la police qu’une force de répression, limitant ainsi leur recours lors d’agression.
La répression du travail du sexe, dans toutes les formes qu’autorise la loi de 2016, les arrêtés locaux les précarise, fragilise leur capacité d’imposer leurs conditions de travail et par conséquent les expose d’avantage aux violences et aux IST, dont le VIH.
50 ans après l’occupation de l’église Saint-Nizier : Rien n’a changé !
Ainsi à l’orée de cette année 2025, célébrant les 50 ans de l’occupation de l’église Saint-Nizier par des travailleuses du sexe s’opposant à la répression policière qui les visaient, nous constatons avec amertume que rien n’a vraiment changé.
En effet, le 2 juin 1975, les travailleuses du sexe lyonnaises entraient dans l’église Saint-Nizier afin de protester contre une vague de répression sans précédent, engendrant de nombreuses amendes impayées, des jours de prison engendrant de lourdes conséquences sur la vie des travailleuses du sexe et de leur famille.
Ce n’est en rien différent aujourd’hui.
A Lyon, les combats sont les mêmes.
Alors qu’en Belgique, une loi pragmatique, élaborée en collaboration avec les associations de travailleuses du sexe, est entrée en vigueur le 1er décembre, offrant des avancées significatives pour les droits de cette population, les député.es français.es restent ancré.es dans une approche moraliste de la prostitution.
La lutte pour les droits continue
Le 2 juin 1975 allait également impulser, dans de nombreux pays, la naissance de mouvements de travailleuses du sexe pour la défense et la reconnaissance de leurs droits.
Afin de commémorer cet évènement majeur dans l’histoire des luttes des travailleuses du sexe, nous organiserons, en partenariat avec l’European Sex Workers Right’s Alliance (ESWA), une série d’évènements autour du 2 juin 2025, dont le programme sera détaillé dans les prochaines semaines. D’autres associations lyonnaises, telles que Frisse ou le centre LGBTI, seront également partie prenante d’événements autour de cet anniversaire.
Ces moments seront l’occasion d’écouter les travailleuses du sexe, d’échanger, de partager, de réfléchir et d’envisager une évolution positive de leurs conditions de vie et d’exercice.
Cosignataires :
- Médecins du monde
- C2S – Virages Santé
- Frisse
- Centre LGBTI
- ALS
- AIDES
- CAARUD RUPTURES – ARIA OPPELIA