Cabiria
Action de santé communautaire avec les personnes prostituées à Lyon.

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Glossaire

- Association de santé communautaire :
Une association de santé communautaire est une association créée pour offrir et partager des ressources avec un groupe de personnes touchées par des problématiques de santé spécifiques à leur condition, qui s’auto-organisent pour apporter des solutions à ces problèmes. Une association de santé communautaire part donc du principe que les personnes directement touchées par des problèmes sociaux et sanitaires sont seules à mêmes de déterminer ce dont elles ont besoin en matière de soins, d’aides et de droits : elles ne sont ni les « bénéficiaires », ni les « usagères », ni le « public cible » d’associations, mais bien les actrices de ces associations. Cabiria, Grisélidis, Le bus des Femmes sont par exemple des associations de santé communautaire où travaillent ensemble médecins, infirmières/ iers, travailleurs/euses sociaux/ales et prostituées.

- Autodéfense Féministe :
L’autodéfense est une pratique visant à se défendre en cas d’agressions. Ces agressions peuvent être verbales, psychologiques ou physiques ; elles peuvent être le fait d’inconnus ou de proches. L’autodéfense féministe est née au début du XXe siècle avec le combat des femmes pour le droit de vote en Angleterre, notamment. Il s’agissait alors de se défendre des interventions musclées de la police lors des manifestations et des actions de rue. Largement diffusée en Amérique du Nord et dans une partie de l’Europe, l’autodéfense féministe devient une pratique de prévention « primaire » des violences touchant spécifiquement les femmes. Par « prévention primaire », il faut entendre : les outils dont nous disposons, ou que nous pouvons acquérir, pour nous défendre au quotidien, individuellement ou collectivement, contre les violences physiques, sexuelles, mais aussi verbales et psychologiques dont toutes les femmes font l’expérience.

L’autodéfense féministe est aussi une philosophie de vie qui entend promouvoir la confiance en soi, la puissance, la force et le courage de toutes les femmes – ce qui va à l’encontre des stéréotypes communément diffusés par la Société montrant les femmes comme d’éternelles victimes. Plusieurs techniques d’autodéfense existent aujourd’hui, mais toutes se distinguent des « arts martiaux » traditionnels. L’autodéfense féministe est directement adaptée à la réalité des femmes et enseignée par des femmes, des lesbiennes ou des personnes trans : pas d’enchaînements ou de figures compliqués, pas d’entraînements intensifs et paramilitaires, pas de condition physique particulière ou d’âge limite... L’autodéfense propose des techniques simples, efficaces, pour assurer le plus rapidement possible sa sécurité et son bien être dans l’espace public, dans l’espace privé comme sur le lieu de travail.

- FéminismeS :
Le féminisme est un mouvement historique de lutte pour la libération des femmes. C’est un mouvement social et politique qui revendique l’égalité des droits entre hommes/femmes sans discrimination liées au genre et à la sexualité et combat les stéréotypes sexistes qui enferment les individus dans des rôles définis et les assignent à des relations hiérarchiques. Cela étant, il est impossible de parler « du » féminisme tant il existe de multiples courants, associations, théories, ... En ce qui concerne la prostitution, les mouvements féministes ont toujours considérés qu’il s’agissait d’une question centrale au regard de la condition et de la liberté des femmes. Historiquement, au moins trois positions féministes s’affrontent sur cette question :

1/ les abolitionnistes : à l’origine, les féministes abolitionnistes veulent abolir les lois qui réglementent la prostitution. En France, par exemple, il s’agit d’abolir la loi qui oblige les prostituées à se déclarer auprès des autorités sanitaires et judiciaires. Très vite, les abolitionnistes veulent abolir le système prostitutionnel dans son ensemble, considérant que les hommes ou l’Etat sont les seuls bénéficiaires de cette activité qui assigne les femmes à une place subalterne d’objet sexuel. Aujourd’hui, les courants dits « abolitionnistes » considèrent que la prostitution représente la pire exploitation en matière de sexisme et d’exploitation du corps des femmes. Ils oeuvrent pour la disparition de ce qu’ils apparentent à un esclavage (et donc à la pénalisation des activités prostitutionnelles) et à la reconversion des personnes travaillant dans le milieu prostitutionnel. Certains mouvements abolitionnistes peuvent ainsi devenir « prohibitionnistes  » et s’allier aux politiques de criminalisation de la prostitution adoptées par certains Etats.

2/ les réglementaristes : à l’origine, les réglementaristes ce sont les Etats qui ont légalisé la prostitution et réglementé son exercice. Aujourd’hui, certains Etats sont encore réglementaristes. Mais lorsque l’on parle de « réglementaristes », on fait référence à des mouvements féministes, mais aussi à des mouvements anti-féministes. En effet, certains mouvements ou associations féministes se disent réglementaristes et veulent améliorer, amender ou renforcer la législation sur la prostitution en faveur des prostituées et des travailleuses du sexe. Ils emploient souvent un argumentaire visant à montrer que la prostitution est une activité lucrative comme une autre et que le « sexe » constitue une force de travail, en déplaise à la morale. Ainsi, ils peuvent considérer que la prostitution peut être un choix. Toutefois, ces arguments peuvent aussi servir des discours anti-féministes qui, à trop vouloir faire de l’activité prostitutionnelle un choix « libre et consenti », oublient bien souvent les rapports de pouvoir qui structurent le monde social et qui empêchent les individus, et les femmes ou toutes les autres minorités en particulier, de faire des choix totalement « libres ».

3/ les « indécis » : impossible de donner un nom à cette troisième position au sein du féminisme qui ne parvient pas à adopter une position tranchée. L’impossibilité de s’arrêter sur un jugement définitif en matière de prostitution tient à plusieurs facteurs : la prise en compte de la multiplicité des situations prostitutionnelles, la différence des contextes locaux, nationaux et transnationaux, la prise en considération de la parole de toutes les femmes, les différents enjeux et contextes des mobilisations et des combats des personnes prostituées ... Au sein des mouvements et courants féministes il peut avoir des abolitionnistes, des prohibitionnistes, des réglementaristes, des indécises... , mais dans tous, il y a des prostituées.