Rapport d’activité 2009
Par le biais de ce rapport de synthèse, nous vous proposons de prendre
connaissance des diverses actions menées par Cabiria avec les personnes
prostituées et les travailleuses du sexe au cours de l’année 2009.
Cette année a été marquée par le déménagement de l’association. Sur injonction
du bailleur qui souhaitait donner un autre visage à son immeuble, nous
avons dû quitter nos locaux de la traboule rue Désiré / rue Puits Gaillot,
l’occasion de rappeler ici encore une fois combien les projets d’urbanisme
invisibilisent les personnes prostituées. Nous avons donc investi un rez-dechaussée
sur les quais du Rhône. Si nous sommes dorénavant un peu plus
excentrées, nous avons rejoint un local plus lumineux, un peu plus gai, de
quoi accentuer la convivialité…
Ce déménagement a été très coûteux en temps et en énergie : parallèlement
aux demandes de subventions spécifiques, à la recherche d’un local approprié
et à la mise en oeuvre de travaux pour adapter cet espace à nos multiples
activités, nous avons dû trier, ranger et jeter parfois les documents et archives
accumulés depuis toutes ces années. Nous avons cependant veillé à ce que
cet épisode n’entrave pas l’action de terrain de l’association : nous n’avons
fermé qu’une semaine au mois de mai et avons pu demeurer sur le terrain de
manière quasi permanente.
L’année 2009 a été en effet plus paisible que l’année 2008 en matière de financements,
nous permettant ainsi de stabiliser l’effectif de l’équipe salariée.
Cette stabilité a été essentielle pour être aux côtés des travailleuses du sexe,
car la répression n’a pas faibli.
Répression par le biais de la loi pour la Sécurité intérieure qui pénalise le
racolage d’une peine pouvant aller jusqu’à deux mois de prison et 3 750 euros
d’amende, et qui dans les faits pousse les travailleuses et les travailleurs du
sexe dans la clandestinité, les expose à un harcèlement policier permanent et
accentue les violences.
Répression par le biais des arrêtés municipaux interdisant le stationnement
des camionnettes des personnes prostituées, contraignant celles-ci à exercer
loin des lieux de passage, les faisant crouler sous les amendes et les plongeant
dans une précarité encore plus forte.
Répression par le biais des lois contre l’immigration qui interdisent ou restreignent
l’accès aux droits les plus élémentaires des femmes migrantes : droit
de circuler librement, droit de choisir son pays de résidence et droit de bénéficier
de soins.
Ce contexte politique a de fortes répercussions sur les violences faites aux travailleuses
du sexe, sur le respect de leurs droits et sur leur exposition au risque de
contamination par le VIH. Dans ce contexte très défavorable, Cabiria demeure
engagée aux côtés des personnes prostituées et poursuit avec elles son travail
pour la prévention, la santé et l’accès aux droits.
Nous ouvrons donc ce rapport avec un exposé de notre méthodologie d’intervention,
suivi par les données quantitatives de l’année, qui mettent en lumière
une augmentation de la file active des actions de prévention et des actions
d’accompagnement, ainsi qu’une hausse du nombre de contacts établis pendant
les tournées de nuit et de jour. Vient ensuite un article sur nos actions
de prévention et de réduction des risques, qui ont cette année bénéficié à de
nombreuses femmes bulgares. Puis deux focus : l’un concernant les tournées
sur les nationales que nous multiplions pour ne pas perdre le contact avec les
femmes qui fuient la répression sévissant sur l’agglomération lyonnaise, et
l’autre sur les actions en bus de nuit.
Nous aborderons ensuite la thématique de la santé en évoquant nos actions
pour favoriser l’accès aux soins, l’accompagnement des personnes vivant avec
le VIH et les ateliers santé mis en place avec les jeunes femmes migrantes. Le
point de vue de la médiatrice culturelle issue de Bulgarie permettra de faire le
bilan du lien nouvellement créé avec cette communauté.
La santé étant intimement liée aux conditions de travail des personnes prostituées
et à leur capacité à assurer leur sécurité physique, nous proposons pour
clore ce sujet un petit texte : "Avoir confiance en soi".
Par la suite, nous rendrons compte de la dernière phase du "projet routiers",
qui vise à promouvoir auprès des clients routiers des personnes prostituées les
comportements préventifs, respectueux et non-violents.
En dehors de ses actions liées à la prévention et à la santé, Cabiria mène
un travail de lutte contre les exclusions, les discriminations et les violences,
et pour garantir l’accès aux droits des personnes prostituées. Quatre textes
exposeront nos réalisations dans ce domaine, que ce soit sur le plan des droits
sociaux et fondamentaux, de l’accès au logement, à la formation et à la réorientation
de carrière.
Pour clore la présentation de nos actions de terrain, nous dressons un bilan
de l’Université solidaire, citoyenne et multiculturelle. Ce projet d’accès aux
savoirs pour tous et toutes a permis en 2009 à 224 personnes d’accéder gratuitement
à des enseignements fondamentaux et artistiques, mais aussi à un
espace pour élaborer un projet individualisé.
Nous terminerons ce rapport par des textes plus politiques. Après le journal
des répressions et des violences, ce sont les relations de Cabiria avec la municipalité
qui seront abordées. Puis viendra le point de vue d’une travailleuse
du sexe sur les maisons closes, qui sont en ce moment présentées comme la
panacée pour les personnes prostituées. Nous constaterons donc qu’il n’en est
rien et que les préoccupations actuelles des personnes prostituées ne sont pas
la réglementation, mais plutôt leurs relations avec la police ou la dégradation
de leurs conditions de travail. Par la suite, une membre de l’équipe propose
de revenir sur dix années passées aux côtés des travailleuses du sexe, avant
de conclure cette partie par le rapport moral de Jean-Marc Beylot pour l’année
2008.
Enfin, nous exposons en toute fin de volume nos objectifs pour l’année 2010.
Editions Le Dragon Lune
Cabiria BP 1145
69 203 LYON cedex 01
Dépôt légal Avril 2010
ISBN 2-915927-12-X
A commander à cabiria.office@wanadoo.fr