Les violences
Nous abordons dans cette brochure différentes formes de violence qui nous sont faites.
En tant que prostituées/travailleuses du sexe, nous pouvons être insultées, subir des discriminations, être fichées, être jugées par nos proches et par le public. La plupart des gens ne respectent pas nos choix. Et il est très difficile de trouver quelqu’un à qui nous confier.
La police, l’administration, la sécurité sociale, l’école, la justice, les services de santé… sont des institutions au sein desquelles nous risquons des discriminations et le non-respect de nos droits. Nous pouvons y rencontrer des assistant/e/s sociales/aux ou des juges qui nous considèrent irresponsables, des médecins qui ont des préjugés, des employé/e/s des services administratifs qui ne veulent pas nous accorder nos papiers. Les difficultés administratives pour trouver un logement, pouvoir faire un emprunt ou encore savoir où exercer notre activité sont fréquentes.
J’ai dit à mes enfants que je bosse dans un café. Le tenancier du café est un ami à moi. Alors des fois, je lui demande d’appeler chez moi, de dire à mon fils « Dis à ta mère de se dépêcher, elle est en retard ! » Alors comme ça, mon fils n’a jamais rien découvert de mon activité. Lucy
Quand je suis avec des gens qui ne sont pas du milieu, je ne parle pas du tapin. Je dis que je suis dans la restauration, que je travaille la nuit car il y a plus de pourboires. Je dis toujours la même histoire pour ne pas me tromper. On est obligées de faire comme ça pour ne pas être mises de côté. Et puis je fais comme ça pour protéger ma famille et moi, pour pas qu’ils s’inquiètent et qu’ils m’inquiètent. Henriette
Puisque les institutions ne nous respectent pas, des gens se sentent à l’aise pour critiquer nos vies, nous insulter ou même nous agresser. Nous avons à subir du vandalisme sur nos véhicules. Ces gens nous jettent des objets ou volent notre sac à main, en particulier si nous travaillons dans la rue. Trop souvent, ils s’accordent le droit de nous agresser physiquement ou sexuellement. Parfois des riverain/e/s se plaignent de nous et les politiques leur donnent raison sans entendre le point de vue des premières concernées : nous-mêmes !
Les médias parlent de nous sur un mode sensationnaliste, mais notre parole politique est étouffée. Notre mobilisation est rendue difficile par le secret entourant souvent notre activité, quand nous ne voulons pas que cela se sache. L’isolement social, entre nous et par rapport à nos proches, est un risque d’insécurité. Et puis, qui échappe à cette question lors des premières rencontres : « qu’est-ce que tu fais dans la vie ? »