Cabiria
Action de santé communautaire avec les personnes prostituées à Lyon.

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Revue de presse

26 juin 2012 - Lyon Mag

Abolition de la prostitution : "C’est une violence de dire ça !"

Laura, meneuse d’actions de santé auprès des travailleuses du sexe au sein de l’association Cabiria, était l’invitée ce mardi de Jazz Radio pour l’émission Ça Jazz à Lyon, proposée en partenariat avec LyonMag.

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Laura - Photo Lyonmag.com

La prostitution s’invite au cœur du débat politique avec le projet porté par Najat Vallaud Belkacem, la nouvelle ministre des Droits des femmes, d’abolir la pratique ou le cas échéant de se donner les moyens de le faire. "C’est déjà important de rappeler qu’il y a un glissement du vocabulaire par rapport à ce terme d’abolition. Depuis 1946, la France est dans un système qui se dit abolitionniste, mais dans le premier sens du terme, qui était l’abolition de la réglementation donc la fermeture des maisons closes… Donc c’était en vue d’abolir le contrôle, le fichage des travailleuses du sexe... alors que là il y a un glissement avec notamment le projet de loi de pénalisation des clients et le fait de parler de l’abolition en tant que telle. En fait on s’approche plus d’un régime qu’on appelle en général prohibitionniste, c’est-à-dire qui vise à interdire la prostitution mais de manière un petit peu plus masquée. Si on interdit l’achat de services sexuels, à priori on en interdit aussi la vente", tient à préciser Laura.

Pour Laura, une chose est claire. Elle déplore "énormément" l’annonce de Najat Vallaud-Belkacem. "C’est une violence de dire ça ! Si on respecte l’un des premiers principes féministes, c’est que l’on doit respecter la parole des personnes concernées donc qu’elles soient écoutées et ça c’est vraiment le signe qu’elles ne sont pas écoutées. Un des seconds principes est la liberté de pouvoir disposer de son propre corps. A un moment donné, les personnes demandent à ce que l’Etat ne vienne pas se mêler des relations entre adultes consentants", affirme la membre de l’association Cabiria.

Laura demande une chose précise : le respect des droits des travailleuses du sexe. "Si les droits des personnes étaient vraiment respectés, ce serait déjà une énorme avancée. Je pense que c’est vraiment cela qui est demandé et qu’on respecte leurs droits en tant que citoyennes et citoyens car il y a aussi des hommes" explique t-elle.

L’association Cabiria attend beaucoup de la nouvelle ministre des Droits des femmes. "On espère pouvoir la rencontrer" confirme Laura. Cabiria est une association qui va sur le terrain. "L’association travaille depuis 20 ans auprès des personnes prostituées et travailleuses du sexe, avec notamment trois tournées de rue de nuit par semaine, les tournées aussi de la journée plus un accueil au local. C’est un travail qui est assez spécifique parce qu’au sein de l’association il y a aussi des personnes prostituées qui sont salariés. Donc, c’est en cela que c’est une association de santé communautaire. Elle permet de vraiment pouvoir échanger et d’avoir un lien de confiance avec les personnes et donc une expertise vraiment précieuse et très importante et qu’elle soit entendue" conclut Laura.