Cabiria
Action de santé communautaire avec les personnes prostituées à Lyon.

Accueil du site > L’association > Revue de presse > Les travailleuses du sexe manifestent à Lyon (...)

Revue de presse

6 juillet 2012 - Libération - AFP

Les travailleuses du sexe manifestent à Lyon et Toulouse contre Vallaud-Belkacem

JPEG - 27.3 ko
Des travailleuses du sexe protestent contre l’abolition de la prostitution, le 6 juillet 2012 à Lyon (AFP)

Une vingtaine de travailleurs et de travailleuses du sexe, certains masqués, ont manifesté vendredi après-midi à Lyon contre l’abolition de la prostitution proposée par la ministre des Droits des femmes Najat Vallaud-Belkacem, et notamment la loi de pénalisation des clients.

Derrière une banderole "Non à la pénalisation" accrochée aux grilles de l’Hôtel de ville, les prostituées s’étaient placées en ligne avec des pancartes appelant à la liberté, au "Ni proxo, ni patrons", et au "Bruit de la rue contre le silence des élus".

"C’est la première fois que je milite mais c’était trop important, la ministre m’a énervée", déclare à l’AFP Evalou, une trentenaire masquée qui travaille à Lyon depuis dix ans.

Seule avec deux enfants à charge, elle affirme que cette activité lui permet d’être "libre", et même "de partir en vacances quand ça marche bien".

Avec son projet présenté fin juin, la ministre Vallaud-Belkacem, également élue municipale à Lyon, entend "réduire les portes d’entrée vers la prostitution et multiplier les portes de sortie", par le biais de formations et de lutte renforcée contre les réseaux.

"Taper sur les prostitués ne doit pas être la priorité d’une jeune ministre des Droits des femmes qui vient d’arriver. Elle ferait mieux de s’occuper des femmes violées, battues ou harcelées sexuellement. On veut qu’on nous laisse tranquilles, celles qui veulent sortir de la rue peuvent être aidées", poursuit Evalou.

Sur une table, une pétition contre la pénalisation des clients est disposée pour le public. A ses côtés, un homme est à terre, menotté par une plantureuse femme en costume de "policière sexy".

"Si on met nos clients en prison, nous n’aurons plus de travail. La solution de nous pénaliser, nous punir, nous interdire, n’est pas bonne. On demande qu’on nous écoute", déclare Karen, porte-parole des filles de Lyon et membre du Syndicat du travail sexuel (Strass).

Selon elle, la majorité des prostituées souhaitent "les mêmes choses que les autres travailleurs : des fiches de paie, le droit à la sécurité sociale, pouvoir louer un appartement et, surtout, de choisir son métier".

Rarement rassemblées sur la place publique en pleine journée, les prostituées lyonnaises entendaient montrer "qu’on ne va pas se laisser faire", selon Evalou.

"Najat Vallaud-Belkacem a réanimé une vieille proposition qui date de 1999, quand la Suède a décidé de pénaliser les clients. Ce qui est terrible c’est qu’à part les Verts, aucun parti politique ne propose de solutions pour leur donner des droits", dit Jérôme, éducateur à Cabiria, une association de santé qui aide les prostituées.

En 2011, l’association déclare avoir rencontré près de 1.120 travailleurs et travailleuses du sexe au cours de ses rondes diurnes et nocturnes à Lyon.

A Toulouse, une vingtaine de personnes, pour l’essentiel des membres d’associations de défense des droits des prostitué/es, se sont rassemblées place du Capitole. "L’idée peut paraître humaniste mais ce n’est pas la répression qui va enrayer la prostitution, au contraire, la situation des prostituées va s’aggraver", a déclaré à l’AFP Julie Sarrazin, directrice de l’association toulousaine Grisélidis.