Cabiria
Action de santé communautaire avec les personnes prostituées à Lyon.

Accueil du site > L’association > Revue de presse > « On est au pied du mur »

Revue de presse

29 mai 2013 - 20 minutes

« On est au pied du mur »

Société : Les prostituées de Gerland ont dénoncé mercredi la répression policière

JPEG - 67.7 ko

Le masque blanc qui cache leur visage ne dissimule en rien leur inquiétude et leur colère. Une quarantaine de prostituées lyonnaises se sont réunies mercredi après-midi place Jean-Macé pour dénoncer la « répression policière » dont elles s’estiment victimes depuis plus de deux mois. Chaque jour ou presque depuis le 19 mars, les femmes regroupées dans le parc d’activité de l’Artillerie à Gerland (7e) font face à une nette recrudescence des contrôles, PV et mises en fourrière de leurs camionnettes. Des interventions policières justifiées par les autorités par l’arrêté municipal qui interdit ici, comme ailleurs dans le 7e ou dans les 2e et 8e arrondissements, le stationnement de leurs véhicules.

« Mardi, j’ai pris trois PV à 35 €. Et certains jours, c’est la fourrière », confie l’une d’elle, prostituée à Gerland depuis dix ans. Un secteur qu’elle ne compte pas quitter, malgré les interventions policières.

Les associations mobilisées

« On veut nous chasser. Mais pour aller où ? C’est partout pareil », ajoute une autre femme, qui préfère travailler dans ce secteur où sont regroupés des dizaines de véhicules pour ne pas être isolée. Marquiz, lui, se prostitue depuis vingt ans et porte un regard pessimiste sur l’avenir : « L’Etat se dit abolitionniste. Mais là, il agit comme un proxénète. Et la répression ne va pas s’arrêter là. » Car en dehors des manifestations, leurs moyens de pression sont limités. « On est au pied du mur, explique une jeune africaine. On subit pour gagner notre vie et pouvoir nourrir nos enfants. » Pour les associations qui les soutiennent, dont Cabiria, Médecins du monde ou le planning familial du Rhône, la marge de manœuvre est limitée. En avril, Cabiria a une nouvelle fois demandé à la mairie « une réelle concertation » pour faire émerger des solutions en faveur des prostituées et l’instauration d’un dialogue avec les entreprises se plaignant de leur présence. Une requête restée lettre morte.

Elisa Riberry