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Action de santé communautaire avec les personnes prostituées à Lyon.

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Revue de presse

6 juillet 2012 - Libé Lyon

« J’étais secrétaire. J’en ai eu marre d’avoir un patron. Je suis passée prostituée »

PROSTITUTION - « Vous les hommes, vous êtes sur la sellette. Vous risquez trois mois de prison, et 7500 euros d’amende ». Micro à la main, Karen, la porte-parole des prostituées lyonnaises harangue... qui au juste ?

L’appel à manifester ce vendredi après-midi à Lyon contre le souhait de la ministre des Droits des femmes Najat Vallaud-Belkacem, de « voir la prostitution disparaître » en « pénalisant les clients », n’a pas fait courir les foules.

Une vingtaine de travailleurs et travailleuses du sexe. Une poignée de soutiens à leur cause.

Mais de clients, pourtant visés au premier chef par cette mesure, point. Si, un homme se faufile à travers la foule et glisse à une prostituée : « J’ai fait apppel à vos services, je vous soutiens », avant de s’éclipser.

« On n’a pas besoin d’être des centaines, l’important c’est que notre manifestation soit nationale », rétorque Karen.

Comme elle, les travailleurs et travailleuses du sexe rassemblés devant la mairie de Lyon, où Najat Vallaud-Belkacem a été adjointe en charge des grands événements, de la vie associative et de la jeunesse avant son entrée au gouvernement, sont venus défendre leur liberté d’exercer ce métier.

La nouvelle ministre des droits des femmes dit voir dans « l’immense majorité des prostituées (....) des victimes de violences de la part des réseaux, des proxénètes ».

Karen, elle, revendique son choix. Elle a 45 ans. A commencé à se prostituer en 1992. « J’étais secrétaire. J’en ai eu marre d’avoir un patron. Je suis passée prostituée ».

Elle travaille dans une camionette – elles seraient près de 500 dans le Rhône, le chiffre des prostituées à pied, en appartement et par Internet étant quasi impossible à quantifier.

Elle n’a pas de proxénète.

Elle a pris le statut d’auto-entrepreneur.

Elle ne veut pas dire combien elle gagne. Selon un connaisseur du milieu, le salaire des prostituées indépendantes va de 2000 à 6000 euros par mois.

Pour le collectif Droit et prostitution (lire ici), qui s’est constitué en 2003 pour lutter contre la loi sur le racolage et ses conséquences, si le texte tel que présenté par Najat Vallaud-Belkacem était voté, cela aurait des « effets désastreux » pour les travailleurs et travailleuses du sexe.

Afin d’éviter à leurs clients de se faire pincer, ils seraient contraints de se cacher, et de réduire « le temps de négociation avant la passe (qui permet d’évaluer le client, de poser pratiques, tarifs et port du préservatif) », bref, se mettraient en danger.

Par ailleurs, concernant les migrantes victimes des réseaux, que la ministre dit vouloir protéger, Droit et prostitution « rappelle au Parti socialiste que la régularisation est l’outil d’émancipation le plus efficace ».

Catherine Coroller