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Revue de presse
16 décembre 2011 - Lyon webzine
Rendre visible les violences que subissent tous les jours les travailleuses du sexe est l’objectif que s’est fixé Cabiria à l’occasion de la Journée internationale de lutte contre les violences faites aux travailleuses du sexe, le 17 décembre.
L’association lance à cette occasion une grande campagne d’interpellation en direction des députés.La situation des prostituées se dégrade : stigmatisées, de plus en plus pénalisées, elles subissent de nombreuses violences visibles ou invisibles. Elles sont ainsi de plus en plus nombreuses a être la cible de violences physiques : agressions, viols, meurtres... " On voit par exemple, le samedi soir, vers minuit des personnes qui lancent sur certaines prostituées des canettes depuis le bus. Il y a aussi des riverains qui depuis leur fenêtre jettent des seau d’eau ou détritus sur ces femmes qui font leur travail ", explique Florence Garcia, directrice de l’association Cabiria. Un quotidien dangereux, humiliant et rendu encore plus difficile par les violences symboliques et institutionnelles dont elles sont le fait : jugement moral, pression à l’arrêt de leur activité, harcèlement policier, pénalisation du racolage... C’est face à toutes ces difficultés que les travailleuses du sexe et les prostituées souhaitent être entendues. Or, depuis quelque années elles ont l’impression que la seule solution proposée par l’Etat c’est la pénalisation, à l’instar du dernier projet de loi en date visant la pénalisation des clients. "Il était essentiel pour nous de lancer une campagne sur ce sujet car la parole des prostituées est trop souvent discréditée", poursuit la directrice.
Les craintes des travailleuses du sexe
Ce projet de loi vise à lutter contre la violence et l’exploitation des travailleuses du sexe, mais force est de constater qu’il reçoit un écho très négatif au sein de la profession : " Cette loi est très mal perçue par nous toutes, car si les clients sont pénalisés ils ne viendront plus nous voir. Et puis l’acte sexuel des français ne regarde pas l’État à mon sens. Toutes ces lois (ndlr : projet de loi pour la pénalisation des clients, loi contre le racolage passif, loi contre le proxénétisme) sont dirigées contre nous et nous empêche d’exercer notre profession comme un vrai métier ", explique avec ardeur, Karen, prostituée depuis de nombreuses années. La crainte de ces professionnels et des associations est grande. Selon eux, elle entrainerait la pratique de la prostitution vers la marginalité, là où les associations ne pourraient plus intervenir. Toute campagne de prévention contre les IST, par exemple, et toute protection deviendrait alors impossible. L’association Cabiria appelle donc les travailleuses du sexe et prostituées à participer à la campagne d’interpellation des députés par l’envoi de cartes postales pré-imprimées .
La Suède et la pénalisation de la prostitution de rue L’exemple de la Suède est souvent pris comme modèle, comme idéal vers lequel la France devrait tendre. En effet, le modèle suédois punit sévèrement les clients de prostitués, depuis 1999. Or, si la prostitution de rue y est en baisse, elles sont encore nombreuses à exercer leur profession dans la clandestinité. Il existerait même des grandes entreprises qui emploieraient ces femmes pour leur service à bord de bateau qui mouilleraient dans les eaux internationales, afin de passer outre la législation. Si le problème de le prohibition ou de la réglementation du "plus vieux métier du monde" demeure complexe parce qu’il touche à la morale publique, il demeure essentiel de questionner l’intérêt et la portée de cette loi. " Si c’est une politique de prohibition il faut qu’elle dise son nom et pas qu’elle se dise en faveur de la protection des prostitutions ", souligne Florence Garcia.
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