Lutte contre le sida : un 1 er décembre au goût amer
Sylvie Montaron pour Le Progrès
Les associations lyonnaises, dont les subventions ont baissé de 15 à 20 % cette année, dénoncent le désengagement de l’Etat aux côtés de belles annonces
Jamais le froid ou la neige, fussent-ils exceptionnels à cette date, n’ont arrêtés les militants de la lutte contre le sida un 1 er décembre. Après une bénédiction des « Sœurs de la perpétuelle indulgence », ils étaient environ 200 hier soir à marcher entre Bellecour et Terreaux derrière une banderole « Le sida ça n’arrive qu’aux autres : nous sommes tous des séropos », habillés de tee-shirts blanc et rouge avec à la main un lampion, une pancarte ou encore un parapluie décoré de préservatifs féminins, en scandant des slogans dont l’un sonnait en contrepoids des revendications des manifs pour les retraites : « Le travail, on s’en fout, des traitements et des sous ! ». Car la marche du 1 er décembre, organisée à Lyon par un collectif d’associations, reste « une marche militante ». En dépit des annonces du plan sida du gouvernement, les associations ont en effet « un sentiment d’amertume », constate Alexandre Chevalier d’ALS (Association de lutte contre le sida). D’abord parce que « les financements ne sont pas au rendez-vous ». Les associations lyonnaises ont en effet vu leurs subventions baisser de 15 à 20 % en 2010, essentiellement en raison d’un « désengagement » des services de l’Etat. Concrètement, ces baisses se sont traduites par un poste de salarié en moins (sur 7) pour ALS ; des interventions supprimées pour Frisse (Femmes, réduction des risques et sexualité) ; et une diminution de l’accompagnement social pour Cabiria, association de santé communautaire, et Aides, alors que le sida est « aussi un combat social », rappelle Antoine Baudry de Cabiria. « C’est bien de vouloir dépister pour soigner le plus vite possible mais il faut des moyens pour relayer cette campagne et il faudra des moyens pour soigner ces 50 000 personnes vivant avec le VIH sans le savoir… », ajoute Danièle Authier de Frisse. Vice-président de la LGP (Lesbian and Gay Pride), Olivier Borel regrette, lui, qu’il n’y ait pas de campagne spécifique pour les jeunes gays – qui représentent plus du tiers des nouvelles contaminations. L’association défend aussi l’idée d’un « centre de santé sexuel » où les malades bénéficieraient d’un accompagnement en ambulatoire. Un centre qu’elle verrait bien à l’Hôtel-Dieu…
Ce 1 er décembre avait aussi un goût amer pour les associations car c’était hier que le Sénat étudiait une disposition législative prévoyant un droit d’entrée de 30 euros pour bénéficier de l’aide médicale d’Etat, dont les associations redoutent les conséquences pour les personnes migrantes atteintes du sida.