17 décembre 2013 : Luttons contre les violences faites aux travailleuses du sexe
Depuis 2003, une journée internationale de lutte contre les violences faites aux travailleuses du sexe est organisée le 17 décembre en mémoire des travailleuses du sexe assassinées et pour la lutte contre la stigmatisation engendrant ces violences.
En ce 17 décembre 2013, quelques jours après l’adoption par l’Assemblée nationale de la proposition de loi visant à pénaliser les clients des personnes prostituées, la situation à Lyon, comme ailleurs, ne fait que s’aggraver : augmentation des agressions, répression accrue des personnes prostituées, mises en fourrière de leur véhicule, amendes quotidiennes, refus de prendre leur plainte en cas d’agression, stigmatisation.
Le délit de racolage est toujours en vigueur, les arrêtés municipaux contre le stationnement des camionnettes des personnes prostituées s’étendent et se multiplient, des milices se forment pour chasser les prostituées.
Alors que la proposition de loi instaure le client comme principal coupable des violences à l’encontre des travailleuses du sexe, rien n’est mis en place pour lutter concrètement contre les violences dont elles sont pourtant la cible au quotidien : la stigmatisation, le mépris, la négation de leur parole.
La pénalisation des clients ne fera que renforcer la clandestinisation de l’activité, l’éloignement et l’isolement des travailleuses du sexe et ainsi renforcera les violences à leur encontre. En prétextant protéger les victimes de la prostitution, cette proposition de loi aura pour conséquences de rendre les personnes que plus exposées aux risques d’agressions, de violences et d’exploitation.
Nous rappelons que ce qui génère ces violences n’est pas le travail du sexe en lui même mais bien les conditions dans lesquels celui-ci est exercé.
Cabiria, association de santé communautaire, s’est toujours impliquée aux côtés des personnes prostituées, dans la défense de leur santé, de leurs droits et contre les violences qui leur sont faites. Au quotidien, nous constatons que ces violences, physiques, symboliques ou institutionnelles, ont des conséquences dramatiques sur leur santé, leur sécurité et qu’elles peuvent affecter leurs capacités à se protéger du VIH.
En ce 17 décembre, nous ne pouvons que réaffirmer les conséquences déplorables qu’une loi criminalisant le travail sexuel aura sur les conditions d’exercice de nombreuses femmes, hommes, trans et qui les exposera encore plus à la violence et au mépris.